UE/Turquie: çA ChAuFFe...
L'UE fait la grosse voix avec la Turquie
La Commission se montre très critique à l'égard d'Ankara dans son
rapport d'évaluation, publié mercredi, en jugeant insuffisants les
progrès accomplis par ce pays. Elle se refuse cependant à recommander
une suspension des négociations d'adhésion entamées en octobre 2005.
La Commission européenne
estime prématuré de déclencher une crise avec la Turquie. Alors qu'elle
se montre très critique à l'égard d'Ankara dans son rapport
d'évaluation, publié mercredi, en jugeant insuffisants les progrès
accomplis par ce pays, elle se refuse à recommander une suspension des
négociations d'adhésion entamées en octobre 2005.
Néanmoins,
elle durcit le ton en lui donnant jusqu¹au Conseil européen des chefs
d¹Etat et de gouvernement des 15 et 16 décembre, pour autoriser l'accès
de ses ports et aéroports aux navires et avions chypriotes, comme elle
s'y est engagée.
C'est mal parti : le gouvernement turc a déjà
répondu que «la question chypriote est une question politique et ne
constitue pas une obligation dans le contexte de notre processus
d'adhésion, qui est de nature technique».
La crise entre l'Union
et la Turquie se focalise donc moins sur le ralentissement des réformes
politiques et économiques que sur Chypre, un Etat membre qu¹Ankara
refuse toujours de reconnaître. L'UE exige au moins que la libre
circulation entre l¹île et la Turquie soit effective, comme le prévoit
le «protocole d¹Ankara», signé en 2005, qui étend l'union douanière aux
dix nouveaux Etats membres.
Mais le gouvernement dirigé par le
conservateur islamiste Recep Tayyip Erdogan s¹y refuse toujours de
crainte que cela ne soit interprété comme une reconnaissance de facto
de Nicosie.
La Finlande, qui exerce la présidence semestrielle
tournante de l'Union, se démène pour trouver une solution. La
Commission juge encore possible d¹arriver à un compromis d¹ici cinq
semaines. A défaut, elle menace de faire des «recommandations
adéquates» aux Vingt-cinq.
Interrogé mercredi, Olli Rehn, le
commissaire chargé de l'élargissement, a refusé de dire s'il s'agissait
d¹un ultimatum avant une suspension des négociations : «pourquoi
devrions-nous agir comme un éléphant dans un magasin de porcelaine»
alors que «des efforts diplomatiques sont en cours ?» Recep Tayyip
Erdogan, lui, prend les choses calmement : «suspension, rupture, trains
s¹arrêtant en gare, ces choses-là sont impossibles», a-t-il affirmé à
Ankara.
Manifestement, il compte sur la répugnance des Européens à aller au clash, pour ne rien céder sur Chypre.
Source: Libération