AOL & LeS GaYs
AOL
propose un site de rencontres :
http://serencontrer.aol.fr
Pour
établir votre portrait et permettre votre inscription, des questions
spécifiques vous sont posées si vous êtes un homosexuel masculin.
Vous êtes notamment obligé de répondre à une question sur votre statut
sérologique, en mentionnant que vous êtes séropositif, séronégatif, que
vous n’avez pas fait votre test ou que vous ne souhaitez pas répondre.
Si le champ n’est pas renseigné, votre portrait n’est pas validé.
Nous
ne remettons pas en cause l’intérêt de cette question. Elle permet aux
personnes séropositives d’annoncer clairement leur statut sérologique,
et d’éviter des négociations difficiles, voire des ruptures pénibles,
lorsqu’une relation s’établit et que la question du VIH se pose. Les
rejets des séropos sont toujours trop fréquents, et vivre sa maladie au
grand jour est un moyen de lutter contre les discriminations. Il est
donc pertinent de laisser la possibilité à toutes les personnes
concernées de dire sa séropositivité.
Ce n’est pas le cas dans le site qui nous occupe.
Obligatoire,
la question l’est de fait, malgré les justifications données par la
société suite à un courrier de notre part. Si on renseigne le champ
en indiquant ne pas avoir fait de test, sans dire qu’on est
séronégatif, on indique par là qu’on a une bonne raison d’avoir à faire
le test. Si on indique « je ne souhaite pas répondre », on montre qu’on
a quelque chose à cacher. Cela rend donc, de fait, la mention de son
statut sérologique, tel qu’il est connu par la personne, obligatoire.
Or, rien n’autorise AOL à ce genre de pratiques, qui peuvent engendrer
discriminations et stigmatisation. S’il est pertinent de laisser aux
personnes qui le souhaitent le soin d’évoquer leur séropositivité, les
y contraindre, ou les amener à mentir, est contraire à toute règle
d’éthique.
En ne posant la question qu’aux seuls gays, AOL
laisse entendre que le sida ne touche que les homos masculins. Les
conséquences sont extrêmement graves, tant sur le plan des
discriminations à l’égard des gays que ce genre de pratiques peut
induire, que sur celui de la prévention du VIH auprès de tous les
publics. Selon le PDG d’AGL , la question été posée suite à des
demandes de la part de clients gays et séropositifs, demande qui n’est
pas venue « des autres publics, qui sont beaucoup moins réceptifs à ce
sujet. ». Mais c’est précisément parce que ces publics sont moins
réceptifs qu’il est de la responsabilité d’AOL de leur poser la
question du VIH. A moins que le PDG n’estime qu’une femme hétéro
séropositive souffre moins qu’un homo du rejet de ses partenaires à
l’annonce de son statut sérologique ?
Selon le PDG, « cette
question rappelle que les rencontres et l’acte d’amour ne sont pas sans
risque et, amène chacun à réfléchir à la prévention anti Sida (sic). ».
Donc, les couples hétérosexuels ne doivent pas être amenés à réfléchir
à la prévention, puisqu’AOL ne leur pose pas la question. D’autre part,
réduire la prévention à la seule mention de sa séropositivité est
dangereux. En effet, beaucoup de personnes vivant avec le VIH ignorent
leur statut sérologique. Faire croire que l’annonce de son statut est
la seule pratique de prévention, c’est donc encourager des pratiques de
sérotriage (choix des partenaires en fonction de leur statut
sérologique) douteuses sur le plan éthique et dangereuses en termes de
prévention.
Cela est d’autant plus grave que le service n’offre
aucune page d’information ou de prévention sur le sida. Pour le PDG,
AOL a retiré cette page car « il [leur] a été reproché [leur] manque de
légitimité », justification d’autant plus facile qu’elle laisse dans
l’anonymat les auteurs de ce reproche. Mais la question n’est pas la
légitimité à parler de prévention des risques sexuels, la question est
celle de la responsabilité qu’a AOL. La société propose un service de
rencontre, où la sexualité peut jouer un rôle important, et dont elle
tire profit via certains abonnements, et la publicité. Il est donc de
son devoir de proposer sur le site de l’information sur le VIH / sida,
les MST, la contraception,
Pour toutes ces raisons, nous avons
saisi la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et
pour l’égalité) et la CNIL (Commission nationale de l’informatique et
des libertés).
Nous demandons à AOL :
de rendre la question sur le statut sérologique facultative ;
de poser la question à tous les publics fréquentant le site de rencontre d’AOL ;
de
publier des pages d’information et de prévention sur le VIH/sida, les
MST et l’ensemble des risques liés à la sexualité. Sur ce dernier
point, d’autres sites de rencontre doivent faire de même.
Source: Act Up Paris