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12 novembre 2006

PeTiT à PeTiT, BaYrOu FaiT sOn TrOu

Le début de la campagne et le discours anti-système du patron de l'UDF semblent séduire une partie des déçus du PS et de l'UMP.

La rumeur sondagière a tourbillonné en début de semaine dans les étages du siège parisien de l'UDF. Et fait briller les yeux du maître des lieux. En cas de second tour opposant Bayrou à Sarkozy, le patron de l'UMP l'emporterait sur celui de l'UDF, mais d'une courte tête seulement. En vérité, l'Ifop n'a testé pour Paris Match que la préférence des Français pour l'un ou l'autre des deux. Mais le résultat publié jeudi est encourageant pour l'ancien ministre de l'Education : il n'est devancé par le ministre de l'Intérieur que de trois points (50 % contre 47 % d'opinions favorables). Dans son bureau de la rue de l'Université, dans le VIIe arrondissement de Paris, François Bayrou rêve tout haut : «En cas de second tour contre Sarko, je suis sûr de gagner. Il faut passer le premier tour, mais on va y arriver. Il y a déjà des millions de Français qui ne veulent pas voter Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, et il y en aura demain le double.»

Bloc contre bloc.
A l'en croire, les deux favoris des sondages inquiètent désormais «chacun à sa manière» les Français. «Ils représentent la logique du bloc contre bloc», insiste-t-il. Pour «déverrouiller» un système inféodé tantôt au PS tantôt à l'UMP qu'il dénonce à longueur de discours compilés dans un livre qui vient de paraître (1), le leader de l'UDF travaille à l'émergence d'un parti «central», ouvert à toutes les sensibilités républicaines. En votant la censure au gouvernement en mai, il a signé le premier acte de la reconquête de l'indépendance de l'UDF. En invitant à l'université d'été de son mouvement, le socialiste Michel Rocard, l'écologiste Nicolas Hulot et le sarkozyste Michel Barnier, Bayrou a achevé de repositionner symboliquement l'UDF.

Frémissement.
Mi-octobre, pour la première fois, une enquête de l'Ifop enregistrait un décollage de Bayrou, avec 12 % des suffrages au premier tour. Un signal alors isolé. Selon la Sofres, le candidat UDF restait au même moment scotché à 7 %. Aujourd'hui, pourtant, l'institut concède un frémissement : son dernier baromètre pour le Figaro Magazine gratifie Bayrou d'un avenir de plus en plus radieux. «Le candidat UDF est un bon réceptacle du reflux de Sarkozy et de Royal qui se produira vraisemblablement», avance Emmanuel Rivière, directeur du pôle politique au département stratégies d'opinion de la Sofres. Les centristes, eux, ne doutent plus. Depuis août, les mails affluent au siège de l'UDF. Des inquiets du sarkozysme, des désorientés du ségolénisme, beaucoup d'enseignants, autant de professions libérales, promettent leur ralliement. Ils écrivent : «Je suis de gauche, mais le choix de FB de situer l'action de l'UDF au-dessus des clivages habituels me plaît. Cette large ouverture mettra fin à l'immobilisme imposé.» Ou encore : «Votre discours tient la route, il touche même mon voisin de palier, qui d'habitude vote à gauche, et mon patron de droite.» Ces orphelins de la gauche et de la droite, Bayrou en croise à chaque déplacement en province. C'est Julien, Breton de 45 ans, dessinateur et ancien «tontonmaniaque», qui apprécie ce Bayrou «calme, posé et qui se bonifie comme le vin» sans «bouffer à tous les râteliers». C'est Pascal, 47 ans, fournisseur dans l'industrie, qui aime la «clairvoyance» du leader de l'UDF et sa «morale républicaine». C'est Henri, 86 ans, chiraquien de toujours, qui votera Bayrou par rejet de Sarkozy, un «prétentieux» avec des «déclarations tonitruantes qui donnent l'impression de vouloir tout casser».

Le positionnement plaît, reste à choisir le rythme. Demain, en marge du conseil national qui doit examiner le projet de l'UDF pour les législatives, François Bayrou arrêtera son calendrier de campagne. Un timing qu'il a cette fois longuement réfléchi. Le leader centriste sait ce qu'il en coûte de se déclarer trop tôt. En 2002, les attentats du 11 Septembre l'avaient obligé à interrompre une campagne encore balbutiante et abandonner son bus au colza.


«A table».
Ensuite, il n'avait jamais pu surmonter ce démarrage calamiteux. Mais, partir trop tard, c'est prendre le risque d'être inaudible. L'ex-journaliste et actuel conseiller politique du leader centriste, Philippe Lapousterle, a cadré l'exercice en comité restreint : «En janvier, il faut que Bayrou soit à table.» Sous-entendu, à la table des grands, crédible aux yeux de l'opinion, en mesure de tenir la dragée haute à ses grands rivaux socialiste et UMP. La fenêtre de lancement est étroite. «Ce sera entre fin novembre et mi-décembre», confie l'entourage de Bayrou. Autrement dit, après la mise en orbite du candidat PS (qui interviendra au plus tard le 23 novembre), et avant la déclaration de candidature du concurrent UMP (début décembre).

Mi-décembre, les militants UDF seront invités à se prononcer sur cette candidature selon une modalité que le conseil national devrait arrêter ce dimanche. Un vote par correspondance a la faveur de l'entourage du patron, un congrès risquant de ponctionner par trop des finances déjà serrées.


(1) Au nom du tiers Etat, Hachette-Littératures.


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Source: Libération

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