GaRe Au GoRiLLe !
Ces primates seraient le réservoir d'une forme rare du VIH-1.
Les gorilles dans l'arbre généalogique du sida.
Martine Peeters
et
Eric Delaporte
sont tels ces généalogistes
qui épluchent les archives et réunissent les cousins dispersés afin
de dessiner le profil de leurs ancêtres.
Cependant, Peeters et
Delaporte sont épidémiologistes (IRD, université de Montpellier),
l'histoire qu'ils tentent d'écrire est celle de la lignée d'un
virus, le VIH-1, leur terrain est l'Afrique centrale, leurs
archives sont terrées dans des crottes de singes, et leur recherche
est une affaire de santé publique.
Il s'agit de savoir quels sont
les animaux «réservoirs» des formes du VIH-1 et de découvrir s'il
existe des «cousins» du VIH susceptibles de passer à l'homme.
Maillon.
Les deux chercheurs, qui ont travaillé en
collaboration avec une équipe internationale, notamment
camerounaise, relatent dans la revue
Nature la découverte d'un maillon de la genèse du sida.
Depuis plusieurs années, il est établi que le virus du VIH-1 est
issu d'une combinaison de deux virus, passés de deux espèces de
petits singes au chimpanzé (leur prédateur), puis du chimpanzé à
l'homme. Il y a quelques mois, Peeters et Delaporte précisaient
cette histoire. A force d'analyses génétiques de virus retrouvés
dans des excréments de singes (seul matériel «prélevable» sur ces
animaux difficiles à atteindre), ils découvraient que des
chimpanzés du bassin du Congo sont le réservoir du variant «VIH-1,
groupe M», à l'origine de la pandémie mondiale, ainsi que du
variant «VIH-1, groupe N», moins fréquent. Restait à trouver le
réservoir de la troisième forme, plus rare, dite «groupe O».
Enigme.
C'est chose faite. Ils ont trouvé chez des
gorilles sauvages des traces d'infection par un virus très proche
de ce variant. La nouvelle pose une énigme : comment les gorilles,
herbivores, ont-ils été contaminés ? Et impose une alerte.
L'homme
mange ce singe :
gare au gorille!
Source: Libération